Le chien, seul vrai nuisible

Illustration : Huge

Qu'est-ce qu'un nuisible ?

Au terme de la loi : "Sont nuisibles les espèces qui attentent aux intérêts agricoles et forestiers et qui compromettent la santé publique ou les équilibres écologiques."

 

Assassin des troupeaux.

" Dans les régions rurales d'Europe, la majorité des dégats au bétail est due à des chiens. Les dommages sont attribués à des chiens errants ou redevenus sauvages, mais ils sont en réalité dus à des chiens domestiques ayant échappé à la surveillance de leur propriétaire" peut-on lire sous la plume de Luigi Boitani dans "L'abécédaire du chien".

 

"Le fléau des chiens errants"

Dans le "Chasseur Français" de septembre 2001 qui consacre un dossier au "Fléau des chiens errants", on apprend que chaque année au moins 100 000 petits ruminants (chèvres, moutons) sont tués par des chiens errants, soit 1% du troupeau national.

Ajoutons que les chiens sont aussi responsables de destruction dans les élevages avicoles et ce, dans des proportions propre à ridiculiser le loup, le renard et la belette...

Les battues au renard, la lutte des bergers contre la réintroduction des ours dans certaines vallées des pyrénées sont menées avec comme prétexte que ce sont des nuisibles qui s'attaquent aux animaux d'élevage. Loin d'être des nuisibles, ils sont une partie de notre patrimoine écologique et le prélèvement qu'ils font dans la population d'animaux d'élevage est infime et réservé à leur subsistance, contrairement aux chiens qui se livrent à la prédation sans nécessité, puisque leurs maîtres attentionnés les bourrent de bonnes croquettes et/ou de bonnes pâtées.

Dans les départements alpins, il y a chaque années 1000 à 1500 attaques de loups contre 15 à 20 000 prédations par des chiens errants. Et le loup serait "le grand nuisible" ! Avec l'ours, évidemment.

 

L'ours, bouc-émissaire du chien.

Roland Guichard, un naturaliste explique dans le journal "Libération" du 30 mars 2000 que les ours sont les boucs-émissaires des moutonniers. Ceux-ci déclarent que les ours tuent 200 brebis environ chaque année, alors que pour le seul département de l'ariège en 1999, des chiens domestiques errants ont détruit plus de 800 moutons.

Quelle disproportion, alors, dans l'amendement de la récente loi sur la chasse de mars 2000 qui cloue au pilori l'ours fraîchement réintroduit et qui ne fait même pas allusion au chien, le seul vrai nuisible en France. C'est en tout cas l'animal qui correspond le mieux à la définition juridique de ce mot, mais on n'a encore jamais vu de préfet le déclarer tel, alors que celui des Pyrénées-Atlantiques, pour satisfaire le lobby des chasseurs, n'a pas hésité à déclarer le pigeon ramier nuisible. Il est vrai que les capacités de prédation de celui-ci sont terrifiantes.

 


volailles et moutons sont les victimes oubliées
des prédateurs domestiques.

 

Trouble-fête de la nature.

La capacité de nuisance des chiens errants ne se limite pas hélas aux animaux domestiques. La faune sauvage est, elle aussi, en permanence menacée. C'est pourquoi le législateur a créé ce type de textes :

 

Article n°1 de l'Arrêté du 16 mars 1955 (J.O du 24.03.55)

"Pour prévenir la destruction des oiseaux et de toutes espèces de gibier et pour favoriser le repeuplement, il est interdit de laisser divaguer les chiens dans les terres cultivées ou non, les prés, les vignes, les bois, ainsi que dans les marais et sur le bord des cours d'eau, étangs et lacs".

 


Jeune lièvre, victime potentielle des chiens errants.

 

Le cas du berger des Pyrénées ou chien patou.

Puisque nous avons évoqué les ours plus haut, il nous parait intéressant de traiter du cas du chien patou. Dominique Voynet, lorsqu'elle était ministre de l'environnement, en proie à la colère de centaines de moutonniers pyrénéens pour cause de réintroduction d'ours dans certaines vallées a eu l'idée saugrenue en contre-partie d'aider financièrement ces gens en leur accordant une aide de 5000 francs (programme européen d'aide LIFE) pour acquérir un chiot patou. Ces chiens sont en effet une garantie contre l'attaque des troupeaux, car ils créent une zone de protection autour de ceux-ci.

Cependant la réintroduction du patou ne va pas sans réticences fort justifiées. En effet, c'est avant tout un chien de défense et il montre beaucoup d'agressivité avec les promeneurs. Tout ce qui s'approche du troupeau dont il a la garde lui est suspect.

Dans ces régions qui vivent surtout du tourisme de promenade, quelle idée incroyable de laisser libres des animaux censés lutter contre les ours et qui sont aussi effrayants qu'eux. Mais, rassurez-vous, comme le dit le "Le chasseur français" dans son n° de juillet 2000 : " A l'approche d'un groupe de randonneurs, le patou dévale la pente en aboyant, il veut simplement s'interposer entre son troupeau et ce qu'il considère comme des intrus. Si vous vous trouvez dans cette situation, restez calme, le patou vous flairera, s'assurera de vos bonnes intentions et regagnera son poste de guet."

Laisser un chien s'assurer de nos bonnes intentions? A quel titre un chien pourrait-il être juge de cela? Nous pensons, contrairement aux rédacteurs du "chasseur français", que les chiens n'ont aucun droit de contrôle sur les promeneurs et qu'il est plus que temps de changer nos grotesques habitudes françaises à cet égard.